Extrait du poème écrit par Kate Light
Vous plongez dans le grand bleu, et après avoir descendu un autre niveau,
vous rejoignez un flux tendu de choses éparses suspendues dans les flots
coulant du plus haut pour atteindre plus bas les courants d’eau
vous voilà nageant en pleine bouillie nutritive, qu’on appelle « neige marine »—ou dans d’autres contrées… Marine Snow!
De quoi s’agit-il ? C’est un potage un poil poisseux qui retombe en flocons au fond des océans sans jamais discontinuer.
Tout y est poussière de l’espace,
rebut de coquilles et écailles de rascasse,
vieux coulis de larvacés,
et petites pinces de petits crustacés;
débris de bestioles, inclassables,
diatomées et pollens, ou même sables,
souille de suie, microbes en nuées ceintes de cendres–
et tout ce qui peut flotter puis redescendre–
Menues bestioles, poux, résidus d’acariens,
crasses, souilles, nuage bactérien…
Miam ! Quoi ! Le menu n’a pas l’air à votre goût ?
Dites-vous qu’il le serait, si c’était vous qui viviez là-dessous,
avec des trucs qui flottent pour restaurant
mijotés et apportés par les courants
où toutes les créatures prennent leurs repas
avides goulues gobant leurs mets délicats.
Neige marine, chaîne alimentaire des abîmes,
régal du flottant cosmos aux rêves équanimes;
jette ses filets de pêche médusant instant ;
et tire tant de collant pourtant peu ragoutant —
Un dîner presque pas fait pour nos routines de vie,
mais il est blanc et tout floconneux ; et ainsi
on l’a surnommé « Marine Snow »,
l’élément surpuissant nourrissant des flots,
venu de l’hypersurface jusqu’aux tréfonds de l’eau.
On mange sa soupe à mesure que l’on y nage,
régime carné et végan en un seul potage.
Sans même devoir attendre les bénédictions
des diatomées et du nanoplancton ;
Laisse toi flotter et gobe une part de roi,
Bien ! Les flocons donnent des repas de choix.
Tandis qu’à grandes bouchées des millions font festin,
Tous ces mets glissent vers leur funeste destin.